Jérusalem sous la neige en 1942

Il neige aujourd’hui à Jérusalem et il neigeait aussi en 1942

Le quartier du Shouk, du marché de Mahané Yéhuda enneigé – Jérusalem 1942

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Bataille de boules de neige entre soldats autrichiens et habitants arabes – Jérusalem 1942

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Les photos proviennent de la collection des archives de la bibliothèque du Congrès (Library of Congress) à Washington

Le Rabbin Ovadia Yossef, à travers le regard de sa fille

 

 

A travers le regard de sa fille, Adina Bar Shalom, un autre aspect surgit de la personnalité complexe du grand rabbin Ovadia Yossef, qui vient de s’éteindre à Jérusalem.

Géant de la Torah, chef spirituel du judaïsme orthodoxe sépharade, le rabbin Ovadia Yossef avait aussi à bien des reprises su oser. ”Il est bien plus facile d’interdire que de permettre” disait-il en parlant des décisionnaires talmudiques. A trois reprises, le grand rabbin avait dit oui. Lors de la guerre de Kippour en libérant les veuves de la guerre de leur statut d’aguna. Face au judaïsme éthiopien en s’opposant à l’orthodoxie ashnénaze et en tranchant sur la judaïté de cette communauté. Et aussi face à la démarche révolutionnaire de sa fille d’ouvrir la première académie orthodoxe.

J’ai rencontré à plusieurs reprises Adina Bar Shalom, pour l’écriture de mon livre. Voici quelques extraits de ces rencontres telles qu’elles sont rapportées dans le livre, où elle parle de son père.

Sur la création de l’académie

“…. Chapeau noir, bas opaques, tailleur strict et lunettes ovales, Adina Bar Shalom n’a rien d’une militante féministe. Pourtant, c’est bien une révolution féminine qu’a initiée la fille du rabbin Ovadia Yossef avec l’ouverture de la première institution universitaire pour femmes ultra-orthodoxes. …. ….La fille a suivi les traces de son père. Le même refus des carcans désuets caractérise le rabbin Ovadia, le chef spirituel de l’orthodoxie séfarade. Le père d’Adina Bar Shalom a plus d’une fois tranché en faveur de la femme. Mais, en appuyant de tout son poids le projet de sa fille, en acceptant l’intrusion de l’académie au sein de l’orthodoxie religieuse, le rabbin a frôlé le sacrilège. Son audace a mobilisé contre lui le judaïsme orthodoxe ashkénaze. Des pamphlets véhéments, affichés jusque dans la rue, qualifiaient sa décision de blasphématoire et appelaient au boycott de la nouvelle institution: « Comment accepter que les jeunes filles religieuses étudient Freud, pour qui la religion est un symptôme névrotique !» Décisionnaire incontesté à la tête d’une communauté majoritaire, le rabbin séfarade a fait fi de ces critiques….. Je voulais changer fondamentalement la vie des femmes orthodoxes en leur donnant le droit de choisir. Je voulais faire quelque chose de grand, laisser l’empreinte de mon père ». « J’ai compris que l’accord de Zabulon et d’Issachar ne régirait plus les relations entre religieux et laïcs. Les Israéliens n’accepteront plus de travailler pour financer le monde religieux. Nous devrons trouver nos propres moyens de subsistance. Sans farine, pas de Torah, dit la maxime. Et j’ai donc fondé cette université.

Sur les souvenirs d’enfance et les liens avec la communauté ashkénaze

Adina Bar Shalom est née en 1945 à Jérusalem. Puis, elle a grandi en Egypte où son père, qui n’était pas encore le leader du judaïsme séfarade, était responsable du tribunal rabbinique. Dans les souvenirs d’Adina s’entremêlent les promenades sur les rives du Nil, les pyramides, les chameaux et les attaques contre la petite communauté juive du Caire lorsqu’en mai 1948 est créé l’État d’Israël. Quand, à l’âge de six ans, Adina revient en Israël, son père exige qu’elle entre dans le Beit Yaacov, le réseau scolaire orthodoxe ashkénaze….

 

Sur le souvenir et l’exemple de son père

…. J’avais onze ans lorsque nous avons quitté notre appartement de deux pièces à Jérusalem. Six enfants ne peuvent dormir dans une même chambre, laquelle de surcroît sert de bureau avait décrété ma mère. Pourtant, c’est dans mon lit, en regardant mon père penché sur ses écrits dans cette pièce tapissée de livres, chambre d’enfants et bureau du rabbin, que j’ai découvert le goût de lutter et l’amour du savoir.

Sur la halacha de son père

….Une histoire, qui dit tout. C’était lors de la shiva, la semaine de deuil de ma mère, la rabbanit Margalit. Certains ont dit, les filles s’assoiront dans une salle, les fils avec leur père dans l’autre. Mon père a entendu s’est levé et a tranché en quelques mots: ” mes filles s’assoiront là, à coté de moi, avec moi.”

 

La Soucca de Rose

 

« L’Éternel parla à Moïse en ces termes : “Parle ainsi aux enfants d’Israël : le quinzième jour de ce septième mois aura lieu la fête des Tentes, durant sept jours, en l’honneur de l’Éternel…”. » (Lévitique 23, 33‑34)

 

Dans la ville de Safed, chacun connaît l’histoire de la Soucca de Rose.

En cette fête de Souccot, Rose n’aurait pas de soucca. Son mari venait de la quitter pour rejoindre les anges dans les cieux. Et comment une femme âgée de quatre-vingt-cinq ans, et sans enfants, construirait-elle seule une soucca ? Rose regardait le balcon fermé, les bois de la soucca entreposés avec soin par son mari, les rideaux colorés enveloppés dans du plastique, et la boîte à outils de souccot, ampoules, tournevis et marteaux.

Rose s’était résignée à ce Souccot sans soucca, pour la première fois depuis soixante-cinq ans — depuis cette époque où, rescapée des camps de la mort, elle avait rencontré sur le bateau l’homme qui deviendrait son mari quelques semaines plus tard. Seule, elle sentait les larmes lui monter dans la gorge — Rose, qui était fière et de plomb, ne pleurait jamais devant autrui. « Passez Souccot chez nous ! avait proposé sa voisine. Chez nous, c’est chez vous. » Et Rose avait accepté.

Cependant, le matin de Souccot, on frappe brusquement à sa porte : un jeune couple, lui les cheveux frisés, elle avec un long foulard vert, se présente, main dans la main. « Madame Rose, pouvez-vous nous rendre un service ? Nous sommes nouveaux à Safed, nous nous sommes mariés il y a trois semaines, juste la veille du Nouvel An. Et nous n’avons pas de soucca… »

Les larmes de Rose disparurent à jamais. La soucca des temps heureux allait connaître une nouvelle jeunesse.

Les Kapparot de Bné Brak

A la veille de Kippour, à Bné Brak, la ville orthodoxe près de Tel-Aviv, à même la rue, des marchands ont installé leurs cages à poulets.

C’est la coutume des kapparot. On prend un coq pour les hommes et les garçons, une poule pour  les femmes et les petites filles que l’on fait tourner  trois fois autour de la tête en récitant une prière qui demande le rachat des fautes ou plus exactement le transfert des fautes  sur le coq ou la poule. Puis, toujours au beau milieu de la rue, le sho’het, l’abatteur rituel égorge le poulet. Le poulet ou sa valeur monétaire est donné aux pauvres.

La racine de kapparot, est la même que celle du jour de Kippour. Kapar, en hébreu כפר  expier, expiation.

Pourtant, cette tradition des kapparot est de moins en moins suivie. D’abord parce que de nombreuses sommités rabbiniques ont de tous temps décrié cette coutume, à l’origine probablement païenne, coutume qui n’est pas rappelée dans le Talmud, ni dans les autres écrits fondamentaux du Judaïsme. Ses réserves s’expliquent aussi en raison des questions de cacherout, le poulet égorgé à la va-vite l’est-il vraiment dans les règles scrupuleuses de l’abattage rituel, pour des questions d’hygiène et aussi par souci de ne pas faire souffrir l’animal de plus la veille du jour où chaque Juif demande le pardon de ses fautes.

Et surtout, parce que la coutume qui s’est répandue, est que le rachat des fautes peut tout aussi bien se faire en donnant de l’argent.

Mais à Bné Brak, les vendeurs de kapparot font des affaires. Des dizaines de bambins grimpent partout pour mieux voir. C’est l’évènement dans le quartier. Les familles arrivent avec leurs bambins et leurs aieux, en priant avec ferveur que le coq prenne sur lui toutes les fautes de l’année. J’ai même vu un mari faire les kapparot à sa femme enceinte – à mon regret, elle n’a pas accepté d’être photographiée,  avec trois poulets, un coq si le bébé est un garçon, une poule si c’est une fille, et une autre poule pour elle.

Et si vous n’êtes pas à Bné Brak ces jours ci, j’ai pris pour vous, chers internautes, amis de mon Blog, quelques photos.

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Les enfants grimpent partout pour voir la cérémonie des kapparot et de l’abattage rituel
Les cages à poulets à même la rue
Les cages à poulets à même la rue

 

 

Le billet de mon amie Bely

 

 

 

Une nouvelle initiative pour “En direct de Jérusalem”, le billet de mes amis, le billet des invités. Et pour inaugurer cette nouvelle rubrique, celui de mon amie Bely.

Bely habite le village de Karme Yosef, un village créé dans les années 80,  à l’est de Rehovot, à quelques kilomètres de Latrun, dans une région célèbre pour ses vignes et ses oliviers. Des hauteurs de Karme Yosef et de la maison de Bely, une belle maison colorée et lumineuse, on voit les Monts de Judée et au loin par temps clair, toute la Côte Méditerranéenne du Sud d’Israël.

Bely a choisi de nous parler de la fameuse boue noire de la Mer Morte et j’ai donné comme titre à ce billet, ” La High-tech au service du Cosmétique “

” La réputation des richesses minérales de la Mer Morte et de sa boue noire naturelle et thérapeutique n’est plus à faire. Une société israélienne pure souche, pleine d’idées, adepte du commerce équitable, respectueuse des êtres humains, des animaux et de la planète a mis au point une formule de masque facial invisible….

Dans son pot de verre recyclable, la crémeuse texture grise agréablement parfumée et non grasse de « Secret Mask » devient totalement invisible dès son application sur le visage. Celui de madame, mais aussi de monsieur, car le masque existe dans les deux versions.

La haute technologie israélienne fait donc désormais aussi des exploits dans le domaine du cosmétique : Sans rien perdre à l’efficacité notoire de la matière -« originelle »- mais quelque peu rebutante et compliquée à manipuler qu’est cette boue bien noire et bien épaisse, le nouveau masque made in Israël, permet de  jouir, avec plaisir, de ces fameux bienfaits tout au long de l’année…”

 

Secret mask

Amir Benayoun chante Menahem Begin

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Je vous parlais hier de Menahem Begin au théâtre pour  un superbe monologue racontant le leader politique, le nationaliste et l’homme. Toujours à l’occasion des cent ans de la naissance de Begin, c’est cette fois Amir Benayoun qui continue à surprendre en révélant sa nouvelle chanson –  “Avec humilité et fierté” –  écrite à partir du célèbre discours que Menahem Begin a prononcé lors de la cérémonie du Prix Nobel de la Paix, en 1978, après la signature du traité de paix israélo-égyptien.

” Ici, en Israël, Terre de Sion, je me tiens devant vous avec humilité et fierté, Juif qui veut aimer, qui veut rêver…. la recherche de la vérité, de la paix, la sainteté de la vie, la douce victoire de la justice, la réalisation du rêve éternel de tous les jours. “Menahem Begin 1978 chanté par Benayoun 2013.

La chanson fait depuis ce matin le buzz sur les radios israéliennes.

 

Menahem Begin au théâtre

 

 

                                                                                                                                                                                                                                                                    

A l’occasion des cent ans de la naissance de Menahem Begin -16 août 1913 – l’acteur Danny Steg jouera Begin dans un monologue d’une heure, vrai, puissant, sans compromis, sensible, majeur.

Certes il y a ci et là, des inexactitudes dans les détails, et aussi  des sujets cruciaux qui n’ont pas été abordés  (comment raconter plus de cinquante de l’histoire d’Israël en une heure répond l’acteur), mais l’esprit est là. Begin, est sur scène. Authentique. A la fois homme de paix, leader nationaliste pur et dur,  redouté, admiré et adulé. Begin aussi face à sa femme Aliza.

Le monologue consacre de longs moments au couple Begin en commençant par la célèbre déclaration d’amour, au lendemain du succès électoral empruntée au livre de Jérémie, 2,2.  “Aliza, ma femme, je garde le souvenir de l’affection de ta jeunesse, de ton amour au temps des fiançailles, quand tu me suivais dans le désert, dans une région inculte.”  D’ailleurs, depuis Menahem Begin, la citation de Jérémie a été maintes fois utilisée par bien des amoureux en Israël.

Et encore pris au hasard, deux autres de ses phrases célèbres:

“Le peuple juif a vécu pendant plus de 3700 ans sans l’accord des Etats Unis d’Amérique et il peut vivre encore 3700 années sans leur accord.”  Dilemne toujours d’actualité à mon avis dans les débat politiques d’aujourd’hui.

“Ashkénaze… Polonais… Irakien….Juif…. Combattant, Combattant.”  Et c’est ainsi que les masses sépharades s’identifieront rapidement au tribun ashkénaze de Brest-Litovsk au langage châtié et au poing levé. 

Mr Begin – Mar Begin – Beit Zion America – Tel Aviv  – Août 2013

Natalie Portman mettra en scène Amos Oz

 

Il y a sept ans, quelques mois après la sortie du livre d’Amos Oz, le plus lu, le plus célèbre, le plus traduit  – même en chinois, arabe et japonais –   Natalie Portman, avait dit publiquement que son rêve était un jour de mettre en scène “Une histoire d’amour et de ténèbres”, le livre  autobiographique de l’écrivain dans la Jérusalem de la Palestine mandataire des années 40, un livre “où la vie d’un peuple et la vérité d’un homme se confondent.”

Le rêve devient réalité. Oz a donné son feu vert au scénario de Portman. L’actrice viendra en Israël dès l’automne. Le tournage débutera au début de l’année 2014 à Jérusalem. La municipalité a accordé 1.6 million de shekels de subventions à cette production israélo-américaine. Le maire de  Jérusalem a compris rapidement le potentiel d’un film où la vedette d’Hollywood – d’origine israélienne – jouera le rôle de la mère d’Amos Oz dans la Jérusalem des débuts.

Je me rappelle qu’il y a quelques mois, Amos Oz, était venu dans le village où j’habite et avait raconté qu’il était toujours étonné du succès phénoménal de ce livre. ” J’ai écrit pour faire découvrir ma famille, ma vie à mes aieux, j’ai écrit pour comprendre, je pensais que cela n’intéresserait que ma rue, les miens, peut être les “anciens” de Jérusalem. Le succès du livre dans le monde ( plus d’un million de ventes) montre que les histoires d’hommes, d’immigration, de guerres, de familles, de déchirures, de bonheurs, sont universelles. Les mêmes histoires, ici, en Europe, ailleurs et ailleurs.”

Version française du livre
Version française du livre
La couverture du livre en hébreu
La couverture du livre en hébreu

 

Le Mikvé réinventé

Le Mikvé de Rotem Bitton – juillet 2013

Et si l’on réinventait le Mikvé. L’esthétique, les couleurs, les matériaux, l’architecture de ce lieu emblématique de la vie de la femme juive à travers les temps.

Selon la loi juive, une femme doit sept jours après la fin de ses règles se tremper dans le bain rituel avant d’avoir des relations  intimes avec son mari. En Israël, non seulement les femmes religieuses, mais de plus en plus de non pratiquantes fréquentent le  Mikvé. Phénomène de société qui en tant que tel, interpelle.

Ce lieu, tout à la fois majeur, mystérieux, ancestral, religieux, sensuel et aussi parfois désavoué, a de tous temps fasciné.  Aujourd’hui, ce sont les étudiants en architecture et design du ” College of Management” qui réinventent le mikvé. Une démarche qui confére au bain rituel une nouvelle dimension qui va bien au delà de l’esthétique. Ce projet artistique novateur a aussi l’intérêt d’avoir été mené en coopération étroite  – et rare pour l’académie israélienne – avec les autorités religieuses.

Pour Carmela Yaacobi  Wolf, directrice du département, l’objectif est de créer une communication entre les espaces publics de demain et les étudiants en architecture intérieure. Et pour que cette communication ne soit pas théorique, une collaboration s’imposait. Une concertation que le rabbinat veut même aujourd’hui concrétiser. ” Dans la construction des prochains mikvé, nous prendrons en compte les travaux de certains étudiants. C’est un regard nouveau, créatif, innovant.”

Et mes deux conclusions. Un, certains rabbins de l’orthodoxie savent oser. Deux, si ces modèles sont bel et bien construits, le Mikvé se fera un peu plus convaincant et séduisant.

Carmela Yaacobi Wolf, directrice du département de design

 

Le Mikvé d’Assaf Ohayon – juillet 2013

 

Le Mikvé de Liat Pinto – juillet 2013
Le Mikvé de Reut Levy – juillet 2013

 

Julien Clerc à l’Opéra de Tel-Aviv

 

Julien Clerc était cette semaine à l’Opéra national de Tel-Aviv. Pour l’heure, la seule vidéo de ce concert sur You Tube, signée de “Brunop4” n’est pas d’une qualité parfaite. J’ai tout de même choisi de la mettre en ligne. Pour trois raisons:

1 – D’abord la chanson de Clerc est très belle et surtout le chanteur français est accompagné par les quarante musiciens de l’orchestre symphonique d’Israël
2 – Ensuite, parcequ’à la fin de l’enregistrement, on voit nettement la salle qui tout au long de la chanson a accompagné Clerc, debout, enthousiaste, engouée. Israël, melting pot, mais les Israéliens francophones n’oublient pas les amours et les notes de musique de leur passé. Le phénomène est encore plus marqué chez les Israéliens d’origine russe.
3 – Et aussi. Julien Clerc a résisté aux appels au boycott.