Jenine Gilboa

 

A la frontière israélo-palestinienne, deux hommes, un israélien et un palestinien lancent un projet dans l’espoir de poser la première pierre d’un  Moyen Orient de la paix.  

 

‘ Des milliers de kilomètres de haine, de sang et de violence nous séparent et pourtant nous sommes voisins, ivres de paix et de normalité ” dit le Palestinien Kadoura Moussa en parlant de son ami israélien Danny Atar. Moussa et Atar sont deux élus et hommes de terrain. Depuis deux ans ils travaillent à la création d’une zone industrielle israélo-palestinienne. Atar est le président du Conseil régional du Gilboa, une région israélienne à la frontière des territoires palestiniens à quelques kilomètres de la ville de Jenine. Mousa est le gouverneur de la région palestinienne de Jenine.

Dans cette zone, les tracés de la ligne verte – ligne de démarcation des territoires conquis par Israël en 1967  –  et de la barrière de sécurité – ligne de retrait acceptée par Israël – sont identiques. Profitant de cette absence de conflit territorial, les deux hommes ont conçu un projet de coopération économique. A l’époque des accords d’Oslo, des projets identiques ont échoué. ” Ces projets étaient trop politiques, explique Moussa.  ‘Notre recette, oublier le conflit et traiter le projet du point de vue de sa rentabilité économique et humaine”

Les partenaires d’Atar et Moussa ne sont donc pas politiques, mais économiques et commerciaux. Les investisseurs sont des hommes d’affaire et des  entreprises israéliens et palestiniens. Des fonds privés et publics des Etats-Unis et d’Europe, essentiellement d’Allemagne ont apporté un financement massif  de quelques 200 millions de dollars. Près de 12,000 emplois seront créés en quelques mois, la plupart pour les Palestiniens, et dans un deuxième temps, pour les Israéliens. La production sera exportée, via les ports israéliens, dans le monde entier. Les gros travaux devraient débuter au printemps 2009 et l’inauguration est prévue pour l’été 2010.

Atar est très prudent sur l’identité des investisseurs, en raison du caractère même du projet. La plupart préfèrent garder l’anonymat. “Je peux vous dire que des entreprises israéliennes, allemandes, espagnoles sont parties prenante. Un chemin de fer et des routes sont aussi en construction. Là aussi, des investisseurs européens et américains sont impliqués. Du coté palestinien, le principal investisseur est  Taoufik Sahouhi, Président de la Banque arabe jordanienne et un des principaux hommes d’affaire palestiniens”.

Dans le conflit israélo-palestinien l’obstacle majeur est le manque de confiance, explique Atar. Chacun est prisonnier de sa rhétorique. Nous avons réussi à créer la confiance sur le terrain, chaque jour, dans le concret, dans les actes. Nous avons laissé de coté les préjugés qui empêchent les hommes politiques de progresser.

Le projet est ambitieux. La création d’une zone industrielle n’est que la première étape. Moussa et Atar ont déjà programmé la création d’un centre médical, d’un centre de logistique le plus important de la région et d’un centre de formation de haut niveau.

Moussa et Atar reconnaissent pourtant que le projet est fragile, ”il suffit d’un attentat de terroristes palestiniens, d’une bavure de l’armée israélienne, pour fragiliser sérieusement l’ensemble du projet.”  Mais ”Jenine Gilboa ” soulève une telle vague d’enthousiasme tant en Israël que dans les Territoires palestiniens, que Moussa et Atar sont persuadés d’avoir trouver un modèle pour passer du conflit à la coopération.

Crédit Photo Yisrael Peretz

New Family, New Ketouba?

Irit Rozenblum, avocate, dirige l’organisation New Family qui prône une libéralisation du mariage et l’institution du mariage civil. Sachant que j’étudie depuis quelques mois les lois du mariage juif et du divorce elle m’a transmis ce matin les résultats d’une enquête réalisée par son organisation.

“Une majorité de jeunes couples signent des contrats de mariage. Le  traditionnel contrat de la ketouba n’est plus suffisant pour faire face aux défis d’un couple moderne estime Rozenblum. Un avis partagé par 68 % des couples laïcs, 54 % des couples traditionnels et encore plus surprenant par 15 % des couples orthodoxes. Bien que les chiffres officiels n’existent pas,  nous estimons que près de 80 % des couples non religieux signent un contrat de mariage avant le mariage, contrat gérant les questions financières.

Certains contrats comportent même une clause, faisant référence à un éventuel refus de l’époux d’accorder le divorce, le guet. Le contrat garantit automatiquement ce droit pour protéger la femme du statut d’Aguna. Ce statut spécifique au droit juif est celui d’une femme qui ne peut se remarier en raison du refus du conjoint de lui accorder le guet ou si son mari a disparu sans laisser de traces.

J’explique à Rozenblum que cette clause divise le monde religieux.  Les tribunaux rabbiniques orthodoxes refusent pour l’heure une telle cause, alors que certains rabbins de la tendance sioniste religieuse l’accepte.

New Family s’attaque aussi au coût de l’inscription au mariage en Israël. Une entreprise financière fructueuse pour le rabbinat avec des revenus de près de 60 millions de shekels par an, 9.5 millions d’euros environ selon l’évaluation de New Family. Les frais d’inscription au mariage sont en Israël de 140 dollars, moins qu”en Autriche ( 180 $ ) mais nettement plus qu’en Grande Bretagne ( 57 $  ) qu’à Chypre, ( 88$  ) qu’en Allemagne( 53% ) , qu’aux Etats Unis ( 25 $  ) et bien sûr qu’en France où l’inscription au mariage civil est gratuite.

Y a-t-il une liberté de la presse en Israël ?

HAARETZIsrael HayomYedihotmaariv

 

Je sais qu’en écrivant ce Post, je prends le risque de mettre en colère plusieurs de  mes confrères. ” Katy, tu te trompes, tu exagères, tu comprends mal ” m’ont répondu maintes fois des journalistes des grands journaux, lorsque je présentais les limites de la liberté de la presse en Israël. J’accepte les critiques. Mais je persiste et j’accuse.

 

Les trois grands journaux du pays sont la propriété de trois familles qui  défraient la chronique des pages people, ce qui en soit pourrait être sympathique. Ces trois familles concentrent surtout à elles seules un pouvoir  qui nuit à une liberté réelle de la presse. Notamment sur la couverture économique et sociale, la presse israélienne est prisonnière d’une élite. Le pouvoir de ces trois familles s’est renforcé ces dernières années avec des prises de participations dans les médias électroniques, TV et web.

 

Le Yedihot, premier journal du pays appartient à la famille Moses. Ce groupe de presse, à travers maintes publications, le journal féminin La Isha et la chaine de journaux locaux, est devenu un empire financier et politique. Le journal a mené ces dernières années des enquêtes et révélé des scandales qui ont changé le cours de la vie politique. Comment les thèmes des enquêtes ont-ils étaient choisis.  Difficile de le dire. Et une question. Pourquoi le journal fait-il preuve de partialité “sympathique” envers Silvan Shalom. Shalom pour les lecteurs de mon blog qui ne sont pas dans la confidentialité des potins mondains est marié avec une des héritières de l’empire de presse, Judy Shalom Nir Moses, elle même journaliste célèbre.

 

Une autre grande famille, la famille Shoken, d’origine allemande, contrôle le Haaretz. Fondé avant même la création de l’Etat d’Israël, le Haaretz est le journal de référence, intellectuel avec un poids énorme dans les combats politiques. Résolument à gauche, anti-clérical virulent, le journal a doublé cette puissance dans le domaine des idées d’un pouvoir financier grâce à un puissant réseau de journaux locaux.

 

Le concurrent du Yedihot, le Maariv, a été racheté par une autre grande famille, qui contrairement aux familles Moses et Shoken est relativement nouvelle dans le club des élites. Les Nimrodi, d’origine iranienne ont   fait leur fortune dans de juteuses affaires de ventes d’armes avant d’investir dans l’assurance et la presse.

 

Dans ce contexte, l’expérience du Israël Hayom, est comme une bouffée d’air. Avec un modèle fort différent – le journal est distribué gratuitement – ce journal menace de ravir le tirage du Maariv et couvre l’actualité avec une équipe de journalistes célèbres, lassés de dépendre des états d’humeurs des magnats de la presse familiale.

L’empire de la famille Ofer

 

 ” Une cinquantaine de grandes familles dirigent le pays, c’est bien là notre drame ” m’explique une Pdg issue d’une de ses familles et qui a choisi de rompre l’alliance familiale pour se lancer dans une propre aventure de création d’un journal aujourd’hui leader dans le domaine du loisir et de la télévision.

Beaucoup d’encre a déjà coulé sur l’élitisme de la  société israélienne. Les rouages de l’économie, de l’industrie et de la presse sont contrôlés par quelques grandes familles, la plupart implantées en Palestine britannique, avant la création de l’Etat d’Israël.

couverture du Globes sur la famille Ofer

La famille Ofer est une de ses familles. Sur la promenade des bords de mer d’Herzliya, les bureaux  des  ” Frères Ofer  ” surplombent la plage. Dans les salons , des tableaux  d’art, échantillon de la Collection Ofer, une des plus importantes collections privées en Israël de tableaux d’art moderne  dont la  valeur est estimée à plusieurs dizaines de millions de dollars.

Les frères Sami ( 80 ans )  et Yuli ( 78 ans ) Ofer ont une fortune personnelle évaluée à près de deux millards de dollars et le groupe contrôle des biens et sociétés à travers le monde évalués à plus de 15 milliards de dollars.

Deuxième famille d’Israël après la famille Arisson, les Ofer doivent leur fortune à Yossef Herzkovitch, le fondateur de la dynastie. Sioniste, immigré de Roumanie en 1924 avec sa femme qui venait d’accoucher de leur troisième fils, Herzkovitch repére les besoins de la Palestine d’alors, du nouveau yishouv juif, de l’intérêt grandissant des grandes puissances et devient un des principaux armateurs de l’Etat d’Israël en marche, représentant des grandes compagnies maritimes internationales, fournisseur du nouveau port de Haifa.

En 1950, la famille achéte son premier bateau de transport, le premier de la  flotte Ofer. Présent principalement sur le marché local jusqu’à la fin des années 60, les frères Ofer exploitent les opportunités économiques des lendemains de la guerre de 67 et se lancent dans des acquisitions en Europe d’abord, aux Etats Unis et en Asie ensuite. L’ empire prend désormais forme.

 

 Cette puissance à l’échelle planétaire, la famille décide de l’investir  en Israël. Armateurs, banquiers et industriels, les  Ofer contrôle près d’une vingtaine de firmes, parmi les plus influentes du pays et notamment,  les Industries de phosphate et de minéraux de la Mer morte et la société de navigation israélienne Zim. L’empire semble depuis quelques mois rencontrer certaines difficultés en raison de la crise. Mais les analystes continuent à miser sur la solidité du groupe, en raison d’un cash flow disponible fortement positif et  d’un chiffre d’affaires supérieur à 15-20 milliards de dollars.

Yuli et Sami  Ofer préparent aussi la passation du pouvoir à la jeune génération. Leurs enfants occupent des postes clés. Eyal, Liora, Doron et  Idan Ofer agés de 40-50 ans sont des noms à retenir pour comprendre l’économie israélienne de demain.

Noyaux d’olives producteurs d’énergie

Etant très peu scientifique et technologique,  je m’étonne toujours de l’imagination des chercheurs. Par hasard, j’ai découvert au cœur de la Galilée dans la zone de haute technologie de Misgav,  quatre israéliens qui travaillent depuis 2004 sur un projet  surréaliste.

L’objectif  de Genova – la start up créée pour mener à bien le projet – est de mettre au point une technologie qui utilisera les noyaux d’olives pour créer de l’énergie. Le noyau de l’olive contient en effet de  la biomasse, des matières organiques pouvant devenir des sources d’énergie. Le problème était de récupérer cette énergie.

Les déchets organiques contenus dans le noyau de l’olive sont en  général détruits ou brûlés dans des décharges. Or cette transformation du noyau d’olive produit du méthane, un gaz qui a un effet de serre et qui contribue au  réchauffement climatique. Ce méthane, s’il est récupéré et exploité correctement peut devenir une source d’énergie. La technologie innovante de Genova, permet donc de créer de l’énergie à partir de la biomasse issue des presses d’olive.  

 

L’huile d’olive naît au Moyen Orient connaitra t-elle un destin révolutionnaire. Le projet n’est pour l’instant qu’au stade expérimental, mais des ”rêveurs milliardaires” ont déjà injecté quelques millions de dollars et le Red Herring a sélectionné la technologie de Genova comme l’une des 100 découvertes les plus prometteuses de ces dernières années.

 

Une vietnamienne à Tsahal

La majorité des Vietnamiens accueillis par Menahem Begin vivent en autarcie. En majorité bouddhistes, en minorité catholiques les Vietnamiens accueillis en Israël à la fin des années 70 restent attachés au culte religieux mais sans fanatisme. Les rites sont respectés mais les lieux de prières rarement fréquentés. Cette petite communauté n’a jamais été organisée. Les réfugiés vietnamiens  n’ont jamais voulu agir comme groupe de pression se suffisant d’une vie en famille pour défendre au sein du cercle familial leur patrimoine culturel.

 

Lydia a fait un autre choix. Mariée à un israélien et mère de trois enfants aux yeux bridés de leur mère et aux cheveux bouclés et clairs de leur père elle estime que son  cheminement a en fait été le meilleur moyen d’intégration.

” Le service militaire et la conversion au judaïsme sont un passage obligé de l’intégration. Nous sommes plusieurs dizaines de familles issues de ces mariages mixtes.  L’alternative, c’est vivre en autarcie. Je n’ai pas voulu vivre dans un ghetto vietnamien en Israël. J’ai du pour cela confronter des conflits familiaux dans cette société vietnamienne traditionnelle où le respect du père reste une valeur suprême.  Mes parents m’ont menacé  de rupture lorsque après trois ans d’armée je leur ai annoncé mon  intention de me marier avec un israélien juif. Lorsque le premier petit enfant est né, ils m’ont de nouveau accepté.

 Lydia explique tout de même que son pays natal restera à jamais le Vietnam. ” Mes enfants ne parlent que l’hébreu, mais lorsqu’ils grandiront je  les amènerais voir le pays de leurs aïeuls.”

Le Rav Kook et l’arabe

100 ans de sionisme religieux, Avi Sagui et Dov Swartz – Editions de l’Université Bar Ilan, 1364 pages

 Cet énorme pavé, rétrospectif historique du sionisme religieux consacre plusieurs chapitres au Rav Kook.  Chef spirituel du sionisme religieux , le Rav Abraham Itshak Hacohen Kook, est né en 1865 à Griva en Lituanie. Il étude dans les grands centres talmudiques d’Europe de l’est avant d’immigrer en Israël en 1904. Elu premier grand rabbin ashkénaze de Palestine en 1921, il fonde en 1924 le centre talmudique du Merkaz haRav, devenu depuis la principale yéshiva des sionistes religieux.

 Le rav Kook

Pour le Rav Kook, le profane et le sacré sont étroitement liés et le rabbin s’oppose donc au monde ultra orthodoxe en appelant à un lien étroit et indicible  entre Tora, Peuple et Terre.  Opposé à la création d’un Israël laïc, c’est lui qui crée le concept en hébreu de l’immigration en Israël, Alya.

 Selon les auteurs de ce livre, le rabbin Kook se serait interessé à la culture du monde arabe et notamment  à la langue arabe.

Olives et archéologie

 

La région était à l’époque talmudique un grand centre agricole. Ce pressoir, datant du 3ème ou du 4ème siècle est un complexe « impressionnant et unique » de production d’huile, disent les archéologues. Bien que détruit par un énorme incendie il y a environ 1400 ans, des détails du pressoir sont restés intacts. On peut voir notamment deux énormes réservoirs à huile avec une capacité d’environ 20 000 litres, tous deux pavés de mosaïques colorées.

La génération des fiers

Je viens de parcourir un livre à la fois passionnant et effrayant sur les jeunes arabes israéliens. 

La génération des fiers est le titre du livre parut ces jours ci en Israël, fruit d’une vaste étude réalisée  par deux chercheurs israéliens, un arabe Hawla Abou Baker et un juif  Dani Rabinovitch auprès des jeunes arabes israéliens étudiants, salariés, indépendants, religieux et laïcs, musulmans et chrétiens.

Leurs réflexions  reflètent l’air du temps au sein de la troisième génération des arabes israéliens. Des réflexions qui pour la plupart  augurent des lendemains difficiles. Pour le jeune arabe israélien, Israël n’est qu’un moyen technique, instrumental  permettant de posséder une nationalité, un passeport, une liberté de voyager dans le monde, une infrastructure du quotidien, des services de santé gratuits.  Pour le reste, Israël ne représente pour eux rien de positif.

 Cette troisième génération des arabes israéliens se considère  d’abord comme des patriotes palestiniens. Leur désir profond est qu’Israël cesse d’être un pays juif et sioniste et devienne  un Etat offrant des droits égaux à chaque communauté juive musulmans et chrétiens. Contrairement aux deux générations qui l’ont précédé la génération des fiers exige des droits collectifs, nationaux et ne se suffit plus d’une  parité économique et sociale

Le changement est aussi dans le ton. Fort de leur connaissance interne de la société israélienne et de ses faiblesses la jeune génération exige,  regarde de haut les dirigeants israéliens, parle dans un hébreu châtié, n’a plus dans le regard, la crainte et la soumission  de leurs parents et grands parents.

Leur jugement du  leadership arabe est  fait de dédain, de rejet, accusé d’acquis cosmétiques et superficiels.  «  Nous sommes des Palestiniens et fiers de l’être. Notre nationalité israélienne ne fait pas d’Israël notre patrie. Nous n’acceptons pas d’être des citoyens de seconde zone sur notre terre. Nous sommes des Palestiniens vivant en Israël et certainement pas des Arabes israéliens ou Arabes d’Israël. »

 

D’abord patriotes palestiniens ensuite citoyens israéliens ils rejettent aussi la possibilité de devenir citoyens d’un Etat palestinien. C’est sur cette terre qu’ils estiment la leur qu’ils entendent vivre.

 

Surfer en habit noir

HAREDIM WEBbh_logo LADAAT HAREDIM WEB

Décriée par les autorités rabbiniques,  la Toile fait de plus en plus d’adeptes auprès de la communauté ultra religieuse.  Les menaces virulentes des rabbins n’ont pour l’heure aucun effet sur la majorité des internautes orthodoxes.

Quelles seront les conséquences à long terme de ce succès ”interdit” ? Un jeune orthodoxe de 16 ans, étudiant brillant dans une grande yeshiva de Jérusalem me répond que le débat sur le web  virtuel, presque irréaliste est comme une bouée de secours pour mieux respirer dans un monde difficile. ” Contrairement à ce que dit le Rav de ma yeshiva, jamais le web ne m’entrainera à quitter la vie juive et à remettre en question ma fidélité à Dieu.”

Une jeune femme orthodoxe, étudiante en droit qui m’assiste dans les recherches que je méne sur les femmes orthodoxes pense que ” le web va changer la société orthodoxe. Des milliers de personnes  surfent et participent chaque jour à des forums sur des questions cruciales de la vie quotidienne, du droit personnel, de la vie des femmes, des finances, de l’éducation, le  web nous changera! “

 

 Selon les prestataires de service 30 % des orthodoxes en Israël surfent  sur le web. Si les milieux hassidiques et lituaniens, utilisent très peu le web pour chercher un conjoint, la méthode est devenue à la mode, chez les Loubavitch et dans certains milieux sépharades.

Les sites à succès diffusent des informations sur le quotidien du monde orthodoxe, discours des rabbins, manifestations, inauguration d’une nouvelle yeshiva etc. Des sites spéciaux, véritables carnets, permettent de tout savoir sur les naissances, mariages et décès.

Les sites qui proposent une assistance psychologique se sont aussi multipliés. Sortes de microsites, ils se concentrent sur un problème spécifique, souvent tabou comme le divorce, la violence au sein de la famille, l’homosexualité, l’expulsion de la yeshiva, les conflits familiaux. Certains  sites se sont spécialisés dans les attaques parfois virulentes contre l’establishment orthodoxe et révèlent, sous le couvert de l’anonymat, des scandales dans la direction d’institutions ou des malversations financières.

Parmi les sites les plus populaires, on trouve évidemment,  les sites proposant des ” shidour “. La célèbre institution juive des rencontres en vue d’un mariage connait sur le web, une nouvelle jeunesse. Dans beaucoup de cas, raconte une jeune fille loubavitch qui a rencontré son fiancé sur le web, tout commence dans le virtuel. On fait ensuite intervenir un frère, un beau-frère pour enrober cette rencontre peu conventionnelle de respectabilité.

Ce sont surtout les forums sont qui attirent les internautes orthodoxes. Loin des regards de l’establishment religieux, des censures culturelles et religieuses, les orthodoxes, surtout les jeunes se permettent une liberté de ton, s’expriment avec une créativité surprenante sur la perception des problèmes de société, créant un véritable débat sur des sujets tabous.