Moraly: Révolution au paradis

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Mon ami, Yehuda (Jean-Bernard) Moraly sort un nouveau livre.   

Révolution au Paradis: Représentations voilées de personnages juifs dans le cinéma de la France occupée: Les Enfants du Paradis (Editions Elkana, 2014).

 Avec ce livre, Moraly lance une véritable bombe dans l’historiographie du cinéma français. Son livre bouleverse le consensus autour du film culte. Les Enfants du Paradis, (Marcel Carné, Jacques Prévert, 1943) est en effet considéré comme un des plus beaux films du monde et a été désigné comme le meilleur film du cinéma français au 20e siècle.

Mais pour  Moraly, si le film est sublime, il est aussi antisémite.

 Les historiens insistent sur le fait que le cinéma sous la  France occupée a échappé à l’embrigadement idéologique. Le livre montre exactement le contraire et jette une lumière absolument nouvelle sur  la période 1940-1944, où le cinéma français, sous la botte allemande, connait une paradoxale apogée. Moraly analyse des personnages qui ne sont pas ouvertement désignés comme juifs mais dont la profession, les traits ou le nom renvoient au Juif.  

Le livre montre aussi les différences existantes entre le scénario des Enfants du Paradis écrit en 1942 et le film projeté en 1945. Mais même dans cette version profondément modifiée après le débarquement allié, (pour amoindrir ou cacher son côté antisémite), un des personnages semble être une représentation voilée de personnage juif. Au-delà de l’inoubliable histoire d’amour et de la fresque magistrale du monde du théâtre se profile en fait un film aux références antisémites où le Juif  est considéré comme le responsable de la guerre et de tous les malheurs du monde. Avec l’aide de son éditeur, Moraly a aussi retrouvé des documents prouvant que le film a même été tourné avec de la pellicule allemande et une licence italienne.

 En d’autres termes, il a fallu attendre 70 ans, pour qu’un professeur de théâtre de l’Université hébraïque de Jérusalem ait le culot, le courage et l’impertinence de dévoiler la face voilée du film adulé. Faire une telle démonstration, c’est comme déboulonner la tour Eiffel dit Moraly.

Avec Révolution au paradis, Moraly continue, comme il a fait à travers ses autres livres sur Genet et Claudel à casser les images de marque. Un livre qui interpelle à une époque où l’antisémitisme menace de nouveau toute l’Europe.   

 

Arsim et Frechot, les nouvelles élites d’Israël

 

 Arsim et Frechot, les nouvelle élites d’Israël  est l’évènement médiatique de ces dernières semaines en Israël.  Diffusée en prime time sur la chaine 8, cette  série documentaire provoque des réactions en chaine, plus de dix articles dans le journal Haaretz, la une du puissant supplément de shabbat du Yedihot et des reportages dans toutes les chaines concurrentes.

Le réalisateur  Ron Cahlili a choisi deux termes provocateurs pour décrire les Israéliens qui selon lui, donnent désormais le ton et représentent les élites de demain

Arsim et Frechot  ערסים ופרחות sont deux termes argotiques, très connus en Israël. Le premier en traduction littérale désigne un proxénète, pimps en anglais  et dans le langage quotidien israélien ars, arsim est un homme vulgaire, juvénile, superficiel, le plus souvent sépharade mais pas seulement… Frecha, au singulier, frechot au pluriel  bimbos en anglais, décrit une femme provocante, aguicheuse, souvent fausse blonde. tout aussi vulgaire et superficiel que son compagnon masculin.

Cahlili qui depuis des années travaille sur la nouvelle identité sépharade, montre que sous ces deux termes violents , se cachent en fait toute une nouvelle culture qui a ses lois, sa profondeur, une authenticité et qui de plus a pris le contrôle de plusieurs secteurs de la société israélienne: la musique, la télévision, la vie people etc. Pour Cahlili, il faut dépasser le premier regard, comprendre la vulgarité apparente comme n’étant que relative face à un monde occidental qui continue à dominer Israël.

Pour mes lecteurs, un très bon lien Youtube, qui met les uns à la suite des autres, les moment les plus forts de cette série documentaire.

 

Il y a vingt ans, disparaissait Yeshayaou Leibowitz

 

Il y a vingt ans, le 18 aout 1994, disparaissait Yeshayaou  Leibowitz, talmudiste et philosophe, l’homme   qui avec ardeur et insolence, courage et droiture, opiniâtreté et  intégrité, refusait systématiquement les consensus. Pour lui, les évidences devaient toujours être remises en questions, la complaisance était meurtrière et le devenir même de l’homme était de pouvoir penser contre les acquis.

Vingt ans après sa disparition, Yeshayaou  Leibowitz, interpelle toujours la société israélienne. Certainement, parce que, sans vergogne, il revendiquait le droit aux contradictions intrinsèques à l’Etat d’Israël.

Né à Riga et immigré en Israël en 1935, Yéshayahou Leibowitz était tout à la fois  ultra-orthodoxe et sioniste convaincu: ” Nous en avons assez d’être gouvernés par les goys c’est pour cela qu’Israël a été créé.” disait-il.

Ses positions anticonformistes, son verbe haut, ses propos cinglants avaient choqué nombre d’Israéliens et dérouté beaucoup d’autres. Il pouvait dans la même phrase, qualifier un soldat israélien de « judéo-nazi » et défendre avec fièvre l’armée israélienne.

Admiré par la gauche israélienne pour ces positions radicales contre la présence israélienne en Cisjordanie, Leibowitz avait sur presque tout, des idées qui allaient à l’encontre du consensus.

Observant scrupuleux de la loi juive, Leibowitz était aussi un fervent de la séparation de l’Etat et de la religion. Il était surtout un critique acerbe de l’establishment religieux, expliquant les foudres des milieux religieux contre lui. Pour Leibowitz,  “le grand rabbinat est un simple organisme bureaucratique et la judéité religieuse, c’est du folklore et de l’hypocrisie.” Et aussi, une de ces célèbres expressions contre le Kotel: ”Le culte autour du Kotel est écœurant, le Kotel est devenu un disco-Kotel”

Il était aussi un fervent défenseur d’un changement fondamental du rôle de la femme dans le judaïsme. “Tous ces rabbins qui s’occupent de la construction du troisième Temple, c’est de la dégénérescence. Ils devraient plutôt s’inquiéter de la condition de la femme. Là, est l’avenir du judaïsme

Talmudiste renommé,  il était aussi philosophe et chimiste. Il était un des rédacteurs de l’Encyclopédie hébraïque mais avait aussi signé des ouvrages sur la neurologie et la psychologie. 

L’article complet sur Yeshayaou  Leibowitz a été publié sur Tribune Juive.

 

51è jour: Et de nouveau…

La trêve, le cessez le feu, l’espoir, la routine, et brusquement l’impression d’entendre  une sirène, non non  ce n’est qu’une ambulance.  Aller à la plage? Attendre encore un peu? Organiser l’anniversaire annulé? Prendre l’air, sortir, courir, rire, marcher main dans la main? Non, encore attendre un peu. 

Israël et le Hamas se sont mis d’accord sur un cessez le feu. Les canons se sont tus depuis quelques heures. De nouveau ce matin, 51è jour d’une guerre dure, éprouvante, meurtrière, amère, chacun espère ici que les dirigeants ont fait le bon choix.

 

50è jour: Paris next…

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Sur la toile, les groupes pro-israéliens poursuivent leur campagne de mobilisation sur le thème

Vous vivez tous en Israël mais vous ne le savez pas

L’Islam radical vous menace tous 

Hamas=Etat islamique.

Cette fois avec trois montages particulièrement éloquents

 

48è jour: Les mots du Président face à la tombe d’un enfant

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Quelques minutes avant le début du shabbat, un tir de mortier contre le kibboutz Nahal Oz, touche de plein fouet la maison de Daniel Tregerman, un bambin de quatre ans et quelques mois.

Un enfant tué, ligne de fracture pour Israël.

Brusquement, l’opération à Gaza, la guerre miracle où des dizaines de roquettes sont interceptées avec succès, devient une guerre qui tue un enfant au beau milieu du salon de sa maison. Les Israéliens découvrent de nouveau la fragilité béante de la nation start up, de la démocratie étincelante, du pays où coule le lait et le miel.

Ligne de fracture, qui explique une petite phrase très peu conventionnelle pour un Président de l’Etat d’Israël: Personne ne peut demander aux habitants de Nahal Oz, de rester vivre là, a dit Reuven Rivlin face à la tombe du petit Daniel, mots terribles et lourds de conséquences. (Juste pour rappel, Nahal Oz, se trouve à la frontière avec Gaza, en territoire souverain de l’Etat d’Israël.)

Gila, la maman de Daniel, a voulu donné un autre message face à la tombe de son enfant: Dieu, donnez nous la force de continuer!

Bordure Protectrice, 48e journée.

 

46è jour: la guerre est-elle de retour?

 

Et Israël avait repris vie: les restaurants d’Ashkelon, les plages d’Ashdod, le vieux port de Tel-Aviv, la guéguerre politique, les chamailleries médiatiques, la rentrée scolaire et où va t-on passer Roch hachanah chez tes parents ou chez les miens?

Et brusquement, de nouveau, les alertes,  les roquettes contre Israël et les bombardements contre Gaza. Messieurs Netanyaou, al-Sissi, Obama, Abbas, je voulais arroser tranquillement mon jardin 

Doit-on dire Bienvenue à Tsouk Eitan-Bordure protectrice numéro 2. La guerre serait-elle de retour, celle qui brise  les espoirs, paralyse les désirs, neutralise les énergies, s’infiltre insidieusement dans les âmes et dans les coeurs.

Les Israéliens rêvent de normalité. Comme d’ailleurs, beaucoup de nos voisins palestiniens.

En vain.

Le mariage de Mea Shearim et National Geographic

agnieszka traczewska

Le mariage de Mea Shearim emporte le second prix du prestigieux concours de photos de National Geographic.

Chaque année, les photographes du monde entier capturent des images à travers la planète en espérant emporter le prestigieux prix du concours de photos du National Geographic. Cette année, 18.000 clichés ont été envoyés par des photographes amateurs et professionnels. Le jury a désigné les grands gagnants du cru 2014.  Le deuxième prix revient à la photographe polonaise, Agnieszka Traczewska qui depuis des années photographie avec art et sensibilité les communautés ultraorthodoxes en Israël et à travers le monde. Certainement parmi les plus belles photos d’art sur ces communautés.

Cette photo a été prise après la cérémonie du mariage, lorsque le couple s’isole pour la première fois, raconte  Agniezska, Pour moi, elle raconte tout un monde, l’émotion d’une première rencontre, l’espoir d’une union, l’amour et la timidité, et aussi la crainte de quitter sa mère et le monde de son enfance.

Dan Westergren, un des membres du jury explique ainsi le choix de cette photo «La photographie est un outil puissant qui d’un côté montre les différences entre les hommes de la planète, mais de l’autre, dévoile l’universalité des sentiments.  Dans cette photo du mariage juif, le chapeau de fourrure et la robe de la mariée sont des indices du lieu très particulier où se situe cette scène. Mais les sourires, les regards des mariés pourraient être ceux de n’importe quels adolescents à travers le monde. Quand je regarde cette photo, je ne peux pas m’empêcher de penser à l’essence même de l’amour et du mariage. Toute photo, qui me fait penser, réfléchir, mérite d’emporter le prix National Geographic. Voilà donc la raison de mon choix. »

Photo: 2ème PRIX National Geographic  : Mariage  dans le quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem. Aaron et Rivkeh (18 ans) se rencontrent pour la première fois. Photographe : Agnieszka Traczewska

 

L’article complet est publié sur Tribune Juive

http://www.tribunejuive.info/distinction/le-mariage-de-mea-shearim-par-katy-bisraor

 

32e jour Et les canons se sont tus…

 

 

Et après trente jours de guerre, de bruits, de désarrois, d’ébranlement, de fébrilité, de nervosité,  d’impatience, de matraquage médiatique, (auquel, je reconnais avoir aussi contribué), de solidarité et d’entraide, d’inquiétude, de panique, d’angoisse, de vrombrissements d’avions, d’explosions,  de sirènes d’alarme, d’abris et de chambres blindées, de feu et de sang, de chars, de poussière, de soldats, de destructions, de pleurs, de souffrance, de deuil…

Depuis quelques heures, le silence.

Brusquement, le retour du train-train.

 

29è jour: La guerre est-elle finie?

 

Hier, le bureau du premier ministre a reçu un mail de Meytal, une adolescente de Sederot. Mr le Premier Ministre, pouvez vous me dire si la guerre est   finie ou non? J’entends que nos soldats quittent Gaza. Mais ce matin, l’alerte rouge a retentit dans ma ville. Je sais qu’Israël a décidé d’une trêve , que l’on négocie au Caire, mais mon père est toujours en miliouim. (appelé dans la réserve) et les avions vrombissent toute la journée au dessus de ma maison?

Journées d’incertitudes,  de brouillamini, de flottements, de confusions en Israël

Mr le Premier ministre, la guerre est-elle finie?  Meytal n’est pas seule à poser cette question ce 29è jour de l’Opération Tsuk Eytan, Bordure Protectrice.