Dans le cadre des recherches que je mène sur les femmes d’Israël, j’ai rencontré plusieurs femmes bédouines. Sous des tentes, dans des cafétérias d’université, des femmes voilées et d’autres en jeans. Voici dans ces pages, un regard sur les moments passés avec ces femmes partagées entre la tentation de la modernité et le respect de la tradition.
200.000 Bédouins vivent aujourd’hui en Israël, 90.000 femmes et 100.000 hommes. 160.000 dans le Néguev, 40.000 en Galilée, au Nord d’Israël. ” Venus de la péninsule arabique et d’Afrique du Nord, les bédouins vivent dans le Néguev depuis le Ve siècle. Gardien des valeurs arabes ancestrales, fascinant les générations d’hier et d’aujourd’hui, tour à tour poète, contemplatif, guerrier, éleveur, agriculteur, le bédouin est avant tout nomade, nomade sur ces terres, nomade dans l’âme.” écrit un des historiens du monde bédouin.
Un nomadisme qui a profondément marqué les relations entre l’homme et la femme. Dans les étendues désertiques, les chaleurs torrides de l’été, le froid glacial des nuits d’hiver, la lutte pour la terre, l’obligation de vivre en milieu hostile, la tribu ancestrale est le clan protecteur. La femme vaque aux travaux domestiques, participe au gardiennage des troupeaux, l’homme pourvoient aux besoins matériels et les enfants commencent à surveiller les troupeaux dès leur plus jeune âge.
Le clan patriarcal, valeur suprême car garanti de survie doit être préservé, les femmes doivent mettre au monde des enfants, la polygamie est donc une bénédiction et la fidélité à l’homme, au patriarche, au père, à l’époux, valeur sacrée auquel la femme doit se soumettre sans compromis, au risque même de sa propre vie si le moindre doute existe sur cette fidélité, philosophie qui permet à certains crimes d’être dénommés d’une manière terrible, crimes d’honneur.
La féminité et la sexualité sont l’affaire du clan et non la propriété personnelle de la femme. D’où les règles de conduite imposées à la femme. Même lorsque la femme est victime de sévices sexuelles elle est considérée comme coupable d’avoir été l’occasion de déranger l’ordre social. Une jeune fille victime de viol ou d’inceste est bannie du clan. Cette tendance à cacher la réalité, au nom du respect du clan, perpétue la violence sexuelle.
Une femme bédouine sur deux est victime de violence. La violence est plus importante chez les bédouins sédentarisés, sans qu’il soit clair si la violence est plus répandue ou si la médiatisation du sujet, plus accessible aux femmes des villes, joue à la hausse des statistiques.