Femme de nomade

 

 

Janvier 2009.

La plupart des femmes bédouines que j’ai rencontrées m’ont expliqué que leur vie se divise en trois cycles. Jusqu’à son mariage, son statut est marginal. Son rôle est d’aider sa mère, de participer aux tâches ménagères et au gardiennage des troupeaux.

Après son mariage, son statut dépend désormais du nombre d’enfants qu’elle met au monde et surtout s’il s’agit de garçons. Une femme qui ne met au monde que des filles est peu respectée au sein de la société bédouine.

Passée l’âge de l’enfantement, le statut de la femme bédouine dépend du nombre de garçons qu’elle a mis au monde. Des garçons  lui permettent d’asseoir son pouvoir, d’avoir sous son autorité ses belles-filles.

La femme dans ses tentes

Le nomadisme a aussi offert à la femme, au delà du carcan patriarcal, un espace naturel de liberté. Ce mode de vie ancestral qui a été celui de  l’humanité depuis la nuit des temps, était au fond un mode de vie très féministe. ” L’horreur du domicile ” dont parlait Baudelaire, la vision biblique très romantique de la femme dans ses tentes, profitant des espaces, du rythme lent des jours pour vivre son monde à elle, dans son for intérieur, jouissant d’une relative liberté, une vie presque volontaire, espiègle, profitant du masque facial pour se réfugier et vivre son monde est  l’autre face de la vie de la femme bédouine séquestrée, respectant les lois islamiques de la Charia et vivant sous l’autorité sans appel de son père, puis de son mari et de sa belle-mère.

La femme, propriété de l’homme

La société bédouine d’aujourd’hui reste dominée par l’homme. Les  structures et tabous ancestraux persistent. Le statut de la femme bédouine a peu changé. Elle reste la propriété de l’homme, continue à dépendre de son bon vouloir, sans identité propre dépendant entièrement de son père puis de son mari. La femme a perdu l’espace désertique, sans accéder à la liberté.

Les hommes continuent à être les gardiens des femmes, les contraignant à l’obéissance, les empêchant de se marier, de se vêtir, de travailler comme elles le souhaitent. Comme avant 1948, la femme bédouine n’a pas le même statut que l’homme, ostensiblement inférieure à l’homme. Pas plus appréciée que les chameaux, dit un vieux proverbe bédouin, les choses n’ont pas fondamentalement changé.  Si la coutume de tuer les filles à la naissance a évidemment disparu, la naissance d’une fille, est toujours accueillie avec réserve. Le statut de la mère se juge au nombre de garçons qu’elle a mis au monde. Une femme qui a mis au monde des filles ne pourra jamais aspirer à être réellement respectée.

40 % des familles bédouines sont polygames

Dans la majorité des mariages, la volonté de la femme ne compte en aucune manière dans le choix de son futur époux, que choisit  son père ou son frère, le mariage est presque un achat, l’épouse  fait partie du patrimoine aux même titre que les autres biens, et comme dans l’Islam, l’homme peut répudier sa femme comme bon lui semble.  Bien qu’interdite la polygamie et fréquente et concerne plus de 40 % des familles.

La polygamie favorise le taux de natalité

La polygamie et la concurrence entre femmes ont comme conséquence une augmentation du taux de natalité, les femmes rivalisant dans le nombre d’enfants mis au monde, seul moyen d’accéder au respect.  Le nombre d’enfants d’une femme d’une famille polygame est 25 % plus élevé que dans une famille monogame.

La ségrégation des sexes, l’allégeance exclusive au chef mâle du foyer, la  préférence pour les garçons à la naissance,  l’excision(certes en très nette régression), les mariages précoces, l’absence de consentement au mariage,  la polygamie, les lois du divorce, l’importance de la dot,  l’obéissance obligée au père d’abord au mari ensuite, la quasi légalité des crimes d’honneur restent donc des réalités de la quotidienneté de la femme bédouine, malgré le côtoiement quotidien avec la modernité.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *