Le mariage de Mea Shearim et National Geographic

agnieszka traczewska

Le mariage de Mea Shearim emporte le second prix du prestigieux concours de photos de National Geographic.

Chaque année, les photographes du monde entier capturent des images à travers la planète en espérant emporter le prestigieux prix du concours de photos du National Geographic. Cette année, 18.000 clichés ont été envoyés par des photographes amateurs et professionnels. Le jury a désigné les grands gagnants du cru 2014.  Le deuxième prix revient à la photographe polonaise, Agnieszka Traczewska qui depuis des années photographie avec art et sensibilité les communautés ultraorthodoxes en Israël et à travers le monde. Certainement parmi les plus belles photos d’art sur ces communautés.

Cette photo a été prise après la cérémonie du mariage, lorsque le couple s’isole pour la première fois, raconte  Agniezska, Pour moi, elle raconte tout un monde, l’émotion d’une première rencontre, l’espoir d’une union, l’amour et la timidité, et aussi la crainte de quitter sa mère et le monde de son enfance.

Dan Westergren, un des membres du jury explique ainsi le choix de cette photo «La photographie est un outil puissant qui d’un côté montre les différences entre les hommes de la planète, mais de l’autre, dévoile l’universalité des sentiments.  Dans cette photo du mariage juif, le chapeau de fourrure et la robe de la mariée sont des indices du lieu très particulier où se situe cette scène. Mais les sourires, les regards des mariés pourraient être ceux de n’importe quels adolescents à travers le monde. Quand je regarde cette photo, je ne peux pas m’empêcher de penser à l’essence même de l’amour et du mariage. Toute photo, qui me fait penser, réfléchir, mérite d’emporter le prix National Geographic. Voilà donc la raison de mon choix. »

Photo: 2ème PRIX National Geographic  : Mariage  dans le quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem. Aaron et Rivkeh (18 ans) se rencontrent pour la première fois. Photographe : Agnieszka Traczewska

 

L’article complet est publié sur Tribune Juive

http://www.tribunejuive.info/distinction/le-mariage-de-mea-shearim-par-katy-bisraor

 

Sept images de Pessah, avril 2014

esther bleu jaune

 

L’agitation perpétuelle de la société israélienne donne déjà le vertige. A la veille de Pâques, le bouillonnement devient  explosif. Le stress est la marque de fabrique de la fête. Comme si chacun, son balluchon sur l’épaule, allait, bel et bien quitter l’Egypte, fuir l’esclavage, traverser la Mer Rouge et entamer sur les pas de Moshé, un voyage de quarante dans le désert, pour arriver en terre promise. Mais vous y êtes, en terre promise! Israël, le pays où coulent le lait et le miel, où Prada et Porche ont pignon sur rue, où la liberté n’a parfois aucune limite. Non et non! Les Israéliens se croient sur une scène de théâtre. Pendant quelques jours, ils deviennent acteurs de leur histoire millénaire

Voici donc sept images de Pessah en Israël

  • Enquête de l’Université de Bar Ilan: 90 % des foyers juifs en Israël marquent le seder de Pessah
  • Les carnets de rendez vous se figent. Rien! Ne me demandez rien! Mais justement c’est pour Pâques que… !Rien! Après Pâques! Personne ne vous accordera ici un rendez vous, ni le peintre, ni le médecin, ni votre client.
  • Dans les magasins bondés, il faut pousser des coudes, pour dénicher une belle jupe au prix maxi.
  • Jusqu’à l’aube, les chariots des supermarchés crissent entre les allées et les voitures klaxonnent au quart de seconde en se demandant pourquoi le rouge n’a pas encore virer au vert.
  • Même la charité se fait bouillonnante. Comme si les pauvres ne mangeaient qu’à Pâques. Les organisations caritatives ramassent de quoi nourrir une nation pendant des mois.
  • Dans tout Israël, les balcons et les jardins fleurissent à plaisir
  • Tsahal se laisse aussi tenter à ces remous. Adieu Iran,  Hamass et Hizboulah. La grande opération logistique est de rendre les cuisines des bases militaires « casher pour Pâques » explique très sérieusement le chef d’Etat major.

Hag Sameah à tous les abonnés de mon Blog

Le dessin qui illustre ce papier est de mon amie Esther Derai Galam

 

L’aéroport de Haïfa, Joseph Kessel et 17 monomoteurs

C’était le 15 mai 1948. Le jour de la déclaration de la création de l’Etat d’Israël, Joseph Kessel se posait avec son avion sur l’aéroport de Haïfa et recevait le premier visa du tout nouvel État et le tampon arborait le chiffre Visa numéro un. L’aviateur et grand reporter venait alors couvrir la création de l’Etat hébreu pour son journal, France-Soir.

65 ans plus tard, ce sont 45 aviateurs français et belges qui se posent sur le même aéroport avec leur 17 monomoteurs. Ce rallye aérien (4 – 12 juin),  baptisé voyage pour la paix, initié par Roby Spiegel, un des leaders de la communauté juive de Belgique et par l’Association Aéro-France, amène en Israël, 45 pilotes, 3 environ par monomoteurs, tous membres d’aéroclubs français, certains hommes d’affaires européens connus. Symboliquement, les avions feront le trajet Haïfa – Massada, lieu emblématique de l’histoire juive. Leur devise est celle des Trois mousquetaires et au fond aussi la devise millénaire du peuple juif: « Un pour tous , tous pour un » et une autre de leur devise aussi très israélienne, « promouvoir, amplifier, rapprocher, renforcer.  Ils ont déjà été un peu partout dans le monde, en Espagne, Italie, Maroc, Sénégal, Pays Baltes, Tunisie, Libye,Grèce, Liban et maintenant donc en Israël.

 

Les cent Juifs les plus influents du monde

Le journal israélien – Makor Rishon – ( tendance religieuse sioniste – orthodoxe libérale) a publié ce weekend, un supplément de quelques 150 pages, en édition de luxe bleu et argent pour présenter les cent Juifs les plus influents du monde et aussi une ”liste de la honte”. “La mode des classements” interpelle de plus en plus le monde juif. Le magazine juif américain The Algemeiner, avait lui aussi publié sa propre liste, il y a quelques semaines.

Dans la liste générale, Mark  Zuckerberg, le fondateur de Facebook est classé par le journal israélien comme la personnalité juive la plus influente au monde. On trouve ensuite Benjamin Netanyou (2), Shimon Pérès (3), Henry Kissinger (9), Steven Spielberg (11), Elie Wiezel (6), Woody Allen (12), l’économiste Stanley Fisher (26), le Rabbin Ovadia Yossef(45), l’écrivain David Grossman(36), les chanteurs Paul Simon (42), Leonard Cohen ( 31), Bob Dylan( 31), Barbara Streisand (46), l’ancien ministre de la défense Ehud Barak (47), l’écrivain Philippe Roth (26) et aussi le Rabbin Adi Steinstalz(49)

Le journal publie aussi cinq listes de chacune dix noms dans les domaines de la Science, avec les Prix Nobel de ces dernières années, du Droit avec  notamment les grands juristes israéliens comme les anciens présidents de la Cour Suprême, Aaron Barak et Dorit Benish, de l’art et de l’écriture, Dustin Hoffman, Amos Oz, de l’altruisme et de la contribution à un monde meilleur. Il s’avère qu’il y a plusieurs Juifs à la tête d’organisations importantes comme l’Unicef, avec son président Anthony Lake ou encore  Robert Bernstein, le fondateur d’Human Right Watch et une dernière liste des Juifs célèbres dans le sport.

Les Juifs Français

Deux noms seulement de personnalités françaises dans ces listes. Dans la liste des 50, Bernard Henry-Levy ( 31) et dans la le domaine de l’art Claude Lanzman.

Et juste rappeler que le “The Algemeiner” avait lui choisit sur sa liste quatre français, le Président sortant du Crif, Richard Prasquier, Philippe Karsenty, qui méne une lutte juridique et politique contre Charles Enderlin dans l’affaire Mohammed al-Durah,[le père Desbois et aussi BHL.

Hors liste

Mis à part la liste, le journal consacre un article aux dirigeants français d’origine juive en expliquant qu’aucun d’entre eux – contrairement aux leaders américains – n’a mis en avant son identité juive, comme Laurent Fabius, Pierre Mendès France, René Joël Simon Mayer et Michel Debré dont le grand père rabbin s’était convertit au christianisme explique le journal.

La liste de la honte

Deux français sur les quatre noms choisis dans la liste de la honte, DSK et l’ancien grand rabbin de France Gilles  Bernheim. Les deux autres noms de cette liste peu sympathique: Bernard Madoff et Anthony Weiner.

Et mon avis

J’ai choisi de vous raconter l’existence de cette liste, car elle existe. Ensuite parce qu’elle  a été réalisée par un grand journal israélien, qui a mobilisé pendant six mois une équipe de près de dix journalistes. Et de plus, le journal annonce son intention de publier régulièrement ce classement.

Et mes réserves. D’abord parce que le regard est subjectif, les auteurs connaissent très bien la scène anglo-saxone, bien moins le monde juif européen et francophone et encore moins le monde juif d’Amérique du Sud ou des pays arabes. Par ailleurs, doit-on ou non classer les Juifs sur une liste? Et autre question. Ce type de classement ne risque-t-il pas d’être exploité d’une manière subversive?

Feux de joie, gimauves, halaké et voile blanc

 

 

Un peu d’histoire, avant de vous raconter les feux de camp, les guimauves, les mariages et les images du Lag Baomer. Entre Pessah et Chavouot, Israël et le peuple juif fête le Lag Baomer,  33 ème jour de la supputation de l’Omer. Lag, les deux lettres hébraïques de lamed et de guimel représentent en guématria,  la numération hébraïque, le chiffre de 33.  Le Lag Baomer est aussi  la Hilloula, l’anniversaire de la mort du rabbi Shimon bar Yohaï,  l’auteur présumé de la Cabale, du Zohar qui a vécu au début du IIe siècle de l’ère chrétienne. Selon certains exégètes, la tradition d’allumer des feux de joie le Lag Baomer symboliserait le feu de la Torah, qui sera révélée lors de la fête de Chavouot. D’autres estiment que la pratique   rappelle l’ancestral allumage des feux de camp pour la néoménie. Et pour d’autres, les feux symbolisent la lumière amenée au monde par la Cabale. Le Lag Baomer, est une tradition relativement récente. La date n’est mentionnée ni dans la Bible, ni même dans le Talmud. Et les premiers témoignages sur cette journée de fête datent de la fin du XVè siècle, où des sages de l’époque, habitant Safed, racontent comment ils se rendaient autour de la tombe du Rabbi Shimon Bar Yochaï à Méron pour y allumer des feux de joie.

  •  Du nord au sud d’Israël, depuis plusieurs semaines, des bandes d’enfants empruntent les chariots des supermarchés pour transporter des planches de bois dénichés sur les sites de construction.
  • Un entrepreneur tente vainement de protéger son chantier et explique aux garnements que les poutres servent à construire des maisons et pas à être brûlées dans les feux du Lag Baomer.
  • Le ministre de l’éduction confie à son équipe ses inquiétudes. “Nos enfants allument des feux de joie sans savoir pourquoi.”
  •  Les Verts appellent à abandonner cette tradition trop polluante. La pollution quadruple la nuit du
    Lag Baomer
  • A Méron, devant la sépulture de Rav Shimon bar Yohaï, des femmes allument des bougies sur d’immenses plateaux emplis de sable blanc.
  • Toujours à Méron, en l’honneur de sa première coupe de cheveux, un garçonnet de trois ans goute un gâteau au miel. C’est la cérémonie traditionnelle du “Halaké”. Mais les hassid, savent ils que le mot vient de l’arabe? Halaké, couper, raser en arabe…
  • La nuit du Lag Baomer, une photo prise par un satellite, montre Israël illuminé de milliers de points de lumière — autant de feux de joie.
  • Voile blanc, musique et émotions, dans les salles de fête, c’est la nuit des mariages.
  • Du nord au sud d’Israël, on se régale autour des  feux de joie, de pomme de terres cuites à la braise et de guimauves blanches, grillées à plaisir. Lag Baomer en Israël 

Dix ans avant la Shoah…

 

Les archives du mémorial du “Beit Lohamé Hagetaot” du kibboutz Lohamé Hagetaot mettent en ligne à l’occasion de ce Yom Hashoah 2013, un document inédit, de quelques deux cent pages écrit par un groupe de jeunes filles en 1929 à Varsovie. Des adolescentes de 15, 16 ans, membres du mouvement de jeunes sionistes de l’Hashomer Hastair, qui rêvent d’immigrer en “Palestina” et s’entrainent à parler l’hébreu et décrétent même des soirées où dire un mot en polonais est strictement interdit. Elles racontent dans ce carnet intime,  leurs préoccupations, leur quotidien, leurs craintes aussi de ne pas réussir à concrétiser leur rêve de vivre sur la “Terre des Juifs.”

Bracha a 15 ans. On la voit sur la photo, allongée, la seconde sur la droite. Elle écrit quelques pages. Puis une autre amie, puis encore une autre. Le tout est un témoignage unique d’une époque, où l’orage commençe à peine à gronder sans que personne ne réussisse à prévoir la tempête dévastatrice.  Toutes les amies de Bracha ont disparu dans la tourmente et les camps de la mort. Seule rescapée, Bracha, fait revivre aujoud’hui cette époque. Pour les jeunes israéliens et les jeunes juifs du monde entier, pour que rien ne soit oublié.

A lire certaines de ces pages, de ce quotidien d’adolescentes insouciantes, on pourrait presque croire, parfois, que les mots ont été écrits hier. L’identification est inévitable.  Et c’est là la force de ce journal.

D’Ethiopie à la neige de Galilée

 

 

Ils ont entre cinq et quinze ans. Il y a quelques mois, quelques semaines, ils sont arrivés d’Ethiopie, au centre d’intégration de Safed, sur les hauteurs de la Galilée. Suite à une décision du gouvernement israélien et de l’Agence Juive, d’amener en Israël les quelques milliers de Falashmouras  qui sont restés en Ethiopie, – Opération les Ailes de Jonas  –  quelques dizaines de familles sont intégrées toutes les quelques semaines, dans ce centre de Safed. Ce matin, première découverte avec la neige.

Noah Flug, adieu

Noah Flug est décédé jeudi matin à l’hôpital Shaaré Zedek de Jérusalem à l’âge de 86 ans. Un des grands hommes d’Israël. Un vrai, un pur, un dur. Noah FLug avait le talent, le culot, la passion et l’intégrité de ceux qui mènent des combats avec succès. D’abord le combat pour la vie. Ce juif polonais, avait échappé plusieurs fois à la mort. Membre de la résistance antinazie, caché dans le ghetto de Lodz, envoyé au camp d’extermination d’Auschwitz et ensuite encore dans deux camps.

Emigré en Israël, le combat devient celui du souvenir. Ne jamais oublier. Jamais. Jamais, disait cet homme qui avait perdu jusqu’au dernier membre de sa famille dans la Shoah. Mais ce combat là et sa nomination au conseil d’administration de Yad Vashem n’était pas pour lui l’essentiel.  Noah Flug a voué sa vie au combat pour le respect des rescapés. Pendant des années Flug a mené la vie dure aux hommes politiques et surtout  à la direction des finances de l’Etat d’Israël.  Face aux fonctionnaires du Trésor qui faisaient des comptes, souvent sordides, Flug parlait lui d’un devoir historique. Une exigence morale pour l’Etat d’Israël.  Et à raconter la détresse de ces rescapés de la Shoah dans l’impossibilité d’acheter des médicaments dans l’Israël des années 2010.

A la tête de l’organisation qui représentait les rescapés, Flug a donc exigé que ceux qui avaient échappé à la mort, puissent vieillir avec dignité et mourir en paix. Ce combat pour des allocations sociales – de survie –  n’a abouti que il y a quelques mois à peine. Au cimetière du kibboutz de Kiriat Anavim, dans les forêts de Jérusalem, il étaient nombreux, dans la foule, ces hommes et ces femmes, aux cheveux blanc, avec des cannes et sur des chaises roulantes, et des numéros sur leurs bras, venir dire merci, un dernier merci.

Il y a quelques mois, Flug, entouré fièrement de ses quatre petits enfants, de sa femme Dorota et de ses deux filles,  avait dit  aussi que le plus important de ses succès était ces quatre jeunes qui parlent l’hébreu,  cette vie qui avait surgit de l’enfer et  de l’abomination.

Le 9 Av, Bétar et la révolte sociale 2011

 

Pour faire le lien entre la journée du 9 Av, la destruction du Temple de Jérusalem et la révolte sociale qui éclate en Israël cet été 2011, le Rabbin Benny Lau, a raconté l’histoire suivante tirée du Talmud:

En l’an 68 de l’ère chrétienne, le Temple de Jérusalem est détruit. 67 ans plus tard, en l’an 135. Bétar, au nord est de Jérusalem, la cité forteresse des Juifs de Judée dirigée par Bar Kochba, dernier lieu de résistance à l’Empire romain, tombe à son tour.  Le désastre est total pour les Juifs de Judée. Pendant des siècles, depuis la chute de Bétar, jusqu’à l’arrivée des pionniers juifs au milieu du 18è siècle, la Judée et la Terre d’Israël ne furent plus qu’un désert.

Pourquoi Bétar est tombé demande une Mishna. Et la Mishna répond. Bétar est tombé parce que lorsque le Temple de Jérusalem a brulé, les Juifs de Bétar ont allumé des bougies et se sont réjouis. Il y a 2000 ans, le Temple était contrôlé par l’aristocratie du peuple juif, des dirigeants spirituels, des propriétaires fonciers, des riches. Ils exploitaient ouvertement ou avec vices et stratagèmes, les petites gens, les pauvres des campagnes, la périphérie. Et les hommes de Bétar se sont réjouis de la chute de ceux qui les avaient spoliés. Et dit la Mishna, ils sont tombés pour s’être réjouis.

Il y a 2000 ans, les fissures au sein du peuple juif, l’injustice sociale imposée par les uns, la vengeance des autres, le manque de solidarité entre le centre, alors Jérusalem et la périphérie, alors Bétar avaient provoqué la débâcle du peuple juif.

 

Le Pessah du Rabbi de Bluzow

C’était en mars 1944. Quelques dizaines de prisonniers de Bergen-Belsen demandent au commandant du camp l’autorisation de faire cuire les galettes de Pâques. Quelques jours plus tard, stupéfaits, ils apprennent que Berlin a donné le feu vert. Contre toute logique, les juifs de Bergen-Belsen auront leur matzot.

Le Rav Israël Shapira de Bluzow dirige le seder de Bergen-Belsen. Rabbin des hassidim de Bluzow, le Rav Shapira vient de perdre toute sa famille dans la Shoah, sa femme, ses enfants et ses petits enfants.

Et devant des dizaines de juifs au regard hagard, les matzot dans ces mains, le Hassid dit “ Nous sommes tous ce soir là au fond de l’abime. Mais ce soir là, c’est la soirée de Pessah, la nuit avant la lumière, nous qui avons connu l’innommable, l’enfer, nous qui avons vu face à nous le mal, les nazis dans les ghettos et la mort dans les camps, nous qui avons vu la décadence de l’Europe éclairée, nous le peuple juif, nous connaitrons bientôt la lumière et la liberté. Ne désespérez jamais mes amis. Rappelez-vous les paroles du prophète Isaïe

” Le peuple qui marchait dans l’obscurité voit une grande lueur; ceux qui habitaient une terre ténébreuse, la lumière rayonne sur eux. Isaïe 9, 1

Quelques mois plus tard, le camp est libéré. Le Rabbi arrive à Brooklyn. Il s’éteint à l’âge de cent ans, en laissant derrière lui à travers des centaines d’histoires de sa vie, un message d’espoir.

 Pessah depuis la nuit des temps, le jour où le peuple juif fête son droit à l’espoir.

Pessah du peuple juif, Pessah aussi de l’homme juif, quelques heures de  lumière divine, où tout recommence, tout débute. Peut être que cette signification profonde de Pessah, si bien racontée par le Hassid de Bluzow, explique l’effervescence, presque l’hystérie nationale, des israéliens à quelques heures du début de Pâques. Achats de victuailles, de vaiselle, de cadeaux, de fleurs et d’habits, ménages  fébriles, peinture et réparations en tout genre, stress accru…

Comme si, bel et bien, chacun des israéliens de l’Israël 2011, allait en personne dans quelques heures, sortir d’Egypte, sortir de l’esclavage pour entamer un voyage de 40 ans dans le désert vers la liberté.