Michloa’h Manote écologiques

 

Pourim aujourd’hui en Israël et dans le monde juif. Cette fête où Israël marque le succès de la reine Esther et de Mordehaï face à Aman, du peuple juif contre Amalek, l’ennemi qui veut la destruction totale, sanguinaire, pernicieuse d’Israël, prend encore cette année, une signification douloureuse, après les événements dramatiques que vient de vivre Israël

Et pourtant, malgré la peine et la douleur, le peuple juif  continue et fête aujourd’hui Pourim. Une des traditions de la fête de Pourim est d’envoyer des Michloa’h Manote comme il est écrit dans la Méguila d’Esther

“Mordehaï mit par écrit ces événements et expédia des lettres à tous les juifs, proches ou éloignés, dans toutes les provinces du roi Assuérus,  leur enjoignant de s’engager à observer, année par année, le quatorzième jour du mois d’Adar et le quinzième jour,  c’est-à-dire les jours où les juifs avaient obtenu rémission de leurs ennemis, et le mois où leur tristesse s’était changée en joie et leur deuil en fête à en faire des jours de festin et de réjouissances et une occasion d’envoyer des présents l’un à l’autre et des dons aux pauvres. ” Meguila d’Esther, 9, 20- 22

 

Conformément aux directives de Mordehaï, le 15 du mois juif d’Adar, jour de Pourim, les israéliens qui raffolent des cadeaux, des fêtes et des victuailles s’en donnent à cœur joie, et envoient ces présents, ces Michloa’h Manote ( textuellement envoie de portions) les uns aux autres.

Les uns aux autres est il écrit dans la Méguila d’Esther. Faîtes les comptes, lorsqu’un million de familles – au moins –  envoie ces cadeaux enrubannés à amis et familles, sans compter les enfants qui eux aussi veulent suivre les directives de Mordehaï et envoient leur “portions” sucrées à leurs copains, cela fait quelques millions de paquets  cadeaux qui circulent en Israël en quelques heures.

Très sympathiques ces paniers enrubannés, enveloppés de cellophane vaporeux et  emplis de bonbons, confiseries, et gâteaux mais coté santé et écologie…

Dans la petite localité où j’habite, des femmes ont eu l’idée de remplacer cette orgie de sucreries par des dons aux personnes déshéritées, les cadeaux de Pourim, oui mais sans exagération.  “ La loi juive, exige pour Pourim d’envoyer ces cadeaux à deux personnes. Pas plus. explique Yaël, une des responsables du projet. Pour les autres amis, place au génie juif de l’informatique et de la charité.  ”

Quelques semaines avant la fête de Pourim, chaque famille reçoit une liste de toutes les familles de la communauté et choisi ces familles à qui elle désire envoyer un Michloa’h Manote . Le coût, quelques dix shekels par famille. Il y a même une assurance ”ne soyez pas dans l’embarras”, au cas où vous auriez oublié de noter une famille qui  elle ne vous as pas oublié. Le jour de Pourim, chaque famille reçoit un unique mais énorme paquet accompagné de la liste des familles qui ont envoyé ce Michloa’h Manote nouvelle version, virtuel, communautaire, écologique . Chacun sort gagnant de l’histoire. Des pauvres reçoivent un chèque conséquent. (Car de facto, la participation de chaque famille dépasse de loin le coût du cadeau unique)  Coté écologie, moins de papiers et de ruban. Coté santé, pas de visites chez le dentiste au lendemain de Pourim.

 

Charansky il y 25 ans

Il y a 25 ans, Anatoly Nathan Charansky arrivait à l’aéroport Ben Gourion. Après 9 ans dans les prisons du goulag soviétique, 400 jours de cachot, de froid, de faim, après dix ans de manifestations à travers le monde, celui qui était devenu le symbole de la lutte obstinée de l’homme juif pour la liberté, arrivait en Israël. C’était le 11 février 1986 et Israël était alors en liesse.

Empêtré dans le quotidien et les scandales souvent peu glorieux de l’Etat d’Israël de 2011, j’ai pensé qu’il fallait parfois se rappeler ces dates historiques pour ne pas oublier notre raison d’être sur cette terre.  

Quelques semaines après son arrivée en Israël, nous avions invité Charansky pour une émission spéciale. ( Sur la photo, à la sortie du studio de la radio à Jérusalem avec Tal et mes parents, qui étaient venus spécialement pour serrer la main à Charansky).                                    

Tal avait trois ans, et Nathan Charansky en la regardant, m’avait dit, “ Moi aussi j’aurai bientôt un bébé. Israël, c’est d’abord le droit à la normalité.”

 

Crédit Photos   Naty Hernik – Governement Press Office

  • Charansky accueilli par Shimon Pérés Premier ministre du gouvernement d’union national et Itshak Shamir, ministre des affaires étrangères
  • Charansky et sa femme Avital
  • Charansky et Ariel Sharon, ministre dans le gouvernement Pérés-Shamir 

Les derniers des Falashmuras

 Dans le cadre d’une enquête que je mène depuis quelques semaines sur l’arrivée en Israël des 8000 “derniers” Falashmuras, nous avons rencontré le Rav Yossef Hadane, le chef spirituel de la communauté juive éthiopienne en Israël. ( Nous, Michaël a rencontré pendant des heures et des heures et j’ai mis en page l’entretien)

Voici pour vous, lecteurs de mon Blog, quelques uns de ces propos nouveaux ou/et  importants.

 Sur son arrivée en Israël en 1972

Cela n’a pas été simple  du tout. Il m’a fallu des mois pour créer des liens avec les Israéliens. La plupart me regardait avec suspicion. Un rabbin noir…

Sur le Rabbin Ovadia Yossef

J’ai rencontré pour la première fois, le Rav Ovadia Yossef en 1972. Il était alors le Grand rabbin de Tel Aviv. Un an plus tard, Grand rabbin d’Israël, il décrète que les Beta Israël sont  Juifs. Sans cette décision, il n’y aurait peut-être pas d’Ethiopiens en Israël aujourd’hui. Plus tard, il m’a raconté que sa décision s’est fondée sur le jugement du Radbaz, un sage de l’époque du  Moyen Age qui avait du légiférer sur la validité d’un mariage entre un juif habitant la région tunisienne et une femme des Beta Israël. Le Radbaz avait tranché. Cette femme  éthiopienne, noire était juive.

Sur l’origine des Beta Israël

Il existe plusieurs thèses, toutes  se perdent dans la nuit des temps. Le roi Salomon, la reine de Saba. Je ne pense pas. La thèse la plus sérieuse, qui a toujours été la notre et qui a été adoptée par le rabbinat d’Israël.  Nos ancêtres  seraient les exilés du royaume du Nord d’Israël, de la tribu de Dan, au moment de chute de Samarie en 722 av. JC. Nous serions donc une des tribus juives perdues.

 Sur le roi Guidon et la Shoa éthiopienne

Nous avons eu des royaumes juifs indépendants et notamment  la période glorieuse du Royaume du roi Guidon au 17è siècle. Nous avons ensuite été vaincus. Chez nous, nous parlons de cette période comme une sorte de Shoa. Sur un demi million, seuls  100 000 survécurent. Cette défaite marque en fait la fin de l’autonomie des juifs en Ethiopie et le début d’un asservissement souvent effroyable.

Sur le mot Falashas

Pour la population locale, nous étions des Falashas. Falashas, signifie étrangers Pour les habitants de cette région du monde nous étions des “envahisseurs”, nous avions envahi l’Ethiopie,   Mais dans notre tradition, nous nous dénommons Béta Israël, la maison d’Israël.

Sur les Falashmuras.

Les Falashmuras ont embrassé le christianisme éthiopien, sous la contrainte. A partir du 18e siècle et surtout au 19e siècle. Les Beta Israël les ont alors dénommés,  “Falashas traîtes”, Falashas renégats”, d’où l’expression de Falashas Mura. Ensuite, ils ont été rejetés par ces chrétiens. Ni juifs, ni vraiment chrétiens, mais ils ont jalousement conservé leur identité. Par exemple, ils ne contractaient  pas de mariage exogame et choisissaient leur conjoint dans la  communauté falashmura.

Sur la décision de permettre leur arrivée en Israël

Certains de notre communauté ont eu des doutes sur le bien fondé d’une telle décision. Pour moi, il n’y aucun doute. Il faut les faire venir en Israël, c’est leur seule issue. De tout temps, ils ont exprimé leur désir de revenir au judaïsme. Nous avons là un devoir moral, historique. Même si il est exact qu’aujourd’hui beaucoup sont très éloignés du judaïsme.

8000 aujourd’hui et si demain d’autres milliers veulent immigrer

Il est exact qu’il existe en Ethiopie, de nombreux groupes qui affirment que dans un passé lointain, parfois plusieurs siècles, leurs ancêtres avaient un lien avec le peuple juif. Il existe de nombreux motifs juifs dans cette région du monde. Mais le gouvernement a pris une décision très claire. Il y a quatre critères. Un, du « sang juif » du coté maternel. Deux, une  volonté exprimée de retour au judaïsme. Trois, être inscrits sur la liste d’attente dans le camp de  Gondar. Quatre, des parents en Israël. Tout ceci pour éviter les abus.

Presse juive du passé

Hier soir à Jérusalem, dans la Bibliothèque nationale  a été lancé un des projets les plus ambitieux  de l’histoire de la presse et du peuple juif. Non je n’exagère pas.  Plusieurs centaines de milliers de pages de journaux juifs datant du 19 et 20è siècle ont été scannées et mises en ligne sur ” Jpress, Presse juive du passé”.

” Nous avons voulu permettre à tous,  chercheurs, élèves et grand public, l’accès libre à une des sources essentielles du monde juif ”  a dit le directeur de Bibliothèque nationale d’Israël qui avec l’Université de Tel Aviv a pris l’initiative de ce projet. 400.000 pages d’une vingtaine de journaux, certains rares et dont l’accès était impossible. L’objectif est d’arriver à mettre en ligne, un million de pages d’ici 2012.  

Le site est aussi révolutionnaire, dans sa forme. Un moteur de recherche permet d’arriver en quelques secondes à n’importe quelle page de ces journaux, qui ont du être rénovés et préparés à ce traitement technologique. Pas toujours simple, lorsqu’il a fallu trouver un processus commun pour mettre en ligne des journaux en yiddish, en ladino, en hébreu, en français, en anglais et en judéo-arabe.

Le résultat. Passionnant et dangereux coté nuit blanche. J’ai passé  des heures à “feuilleter”  les pages de ces journaux qui ont fait l’histoire, du Davar de 1925, du Palestine Post du 15 mai 1948, du journal de la communauté juive marocaine des années 20, du Lebanon de 1880, avec des pages délicieuses sur une réalité oubliée. Tout d’un clic. Les historiens ont certainement du matériel en or et nous, internautes, des heures de plaisir.  

Le site ,  www.jpress.org.il,  est accessible aussi en français. Le site consacre plusieurs pages pour expliquer les enjeux, la problématique et  les défis techniques de cette entreprise.  

 

70 – 2020

 

Pour les spécialistes de la démographie juive, l’année 2020 est une date clé. Pour la première fois, depuis la dispersion du peuple juif qui a suivi la destruction du Temple de Jérusalem en 70, la terre ancestrale d’Israël, Eretz Israël,  redeviendra la plus grande concentration de juifs au monde. Le ”titre” appartient pour l’heure aux Etats-Unis.

 

Spécialiste incontesté de la démographie juive, le Professeur  Sergio Della Pergola de l’Université hébraïque de Jérusalem affirme que d’ici 2020, la majorité des Juifs vivront en Israël. Une prépondérance démographique qui se renforcera tout au long du XXIe siècle.   

 

Depuis la fin de la seconde Guerre mondiale et l’exode massif des Juifs d’Europe vers les Etats Unis, la communauté juive américaine est la plus importante concentration juive du monde. Trois facteurs expliquent ce changement, le déclin numérique de la communauté juive américaine, la croissance naturelle en Israël plus élevée que dans les communautés juives de Diaspora, et l’émigration vers Israël. 

 

Et encore quelques chiffres

  • En 1948, 6 % des Juifs dans le monde vivent en Israël
  • En 2008, 41 % des Juifs vivent en Israël
  • En 2020, 51 % des Juifs vivront en Israël
  • En 2000, près de 50 % des enfants juifs de moins de 14 ans vivaient en Israël.
  • Vers 2020 ce chiffre atteindra les 60 % et les 72 % vers 2050.