Pendant ces journées de tempête et de honte que traverse Israël, je pense à Guila Katsav.
Pendant les premiers mois, Guila Katsav était auprès de son mari. Toujours. Lors des spectaculaires et houleuses conférences de presse à la résidence présidentielle, lors de la volte face de Katsav à la Cour de justice de Jérusalem, marchant d’un pas difficile dans des tailleurs serrés, poursuivit par une horde de journalistes. Spectacle difficile, de cette femme, ronde, au regard clair, comme propulsée de force sur une scène de théâtre.
D’autres femmes auraient choisi de tourner le dos à leur époux. Mais pas Guila Katsav. ” Pour protéger ses fils, sa famille, ses belle filles, ses petits enfants” a confié une de ses amies. Peut être. Etait elle convaincue de l’innocence de son mari? Moshé Katsav avait il réussi à l’entrainer dans ses persuations, ses illusions, son imaginaire. Ou est ce que Guila Katsav savait? A preuve, les pages du verdict qui témoignent des réflexions aux collaboratrices de son mari, Fermez le bouton de votre chemise, portez des robes plus correctes. Malgré tout, Guila Katsav est elle restée, prisonnière du modèle patriarcal. Comme toute victime d’un traumatisme, Guila Katsav, est peut être passée d’un sentiment à l’autre.
Depuis quelques mois, confinée dans sa maison de Kiriat Melachie, que pense Guila Katsav? L’épouse de l’ancien président n’a apparemment, plus réussi ou plus voulu faire face à cette situation. Plus une seule fois, elle ne s’est rendue à la Cour de Tel Aviv, ni au cours du procès, ni lors du verdict, ni lors de la séance où les juges ont condamné son mari à sept ans de détention.
Ezer kenegdo est il écrit, dans le texte de la Genèse (2-18), pour parler de la création de la femme. « Une aide à ses côtés » dans la traduction française. Avant que d’autres traductions plus proches du texte biblique rectifient et traduisent «une aide contre lui» ou encore« une aide en face à lui». Vrai dilemme. Etre à jamais à ses cotés ou tirer sa révérence si son coquin de mari devient, aux yeux de la justice, carrément délinquant?
Au delà de l’histoire pathétique du couple Katsav, ce qui nous interpelle aujourd’hui, c’est le statut des femmes en Israël. C’est à l’aune des femmes que se juge une société. Le procès Katsav est-il vraiement un succès pour le combat des femmes, comme l’ont écrit des dizaines d’éditoriaux de la presse? Oui, seulement si ce procès, améne Katsav et ses semblables à disparaître de l’identitaire israélien.