Le Pessah du Rabbi de Bluzow

C’était en mars 1944. Quelques dizaines de prisonniers de Bergen-Belsen demandent au commandant du camp l’autorisation de faire cuire les galettes de Pâques. Quelques jours plus tard, stupéfaits, ils apprennent que Berlin a donné le feu vert. Contre toute logique, les juifs de Bergen-Belsen auront leur matzot.

Le Rav Israël Shapira de Bluzow dirige le seder de Bergen-Belsen. Rabbin des hassidim de Bluzow, le Rav Shapira vient de perdre toute sa famille dans la Shoah, sa femme, ses enfants et ses petits enfants.

Et devant des dizaines de juifs au regard hagard, les matzot dans ces mains, le Hassid dit “ Nous sommes tous ce soir là au fond de l’abime. Mais ce soir là, c’est la soirée de Pessah, la nuit avant la lumière, nous qui avons connu l’innommable, l’enfer, nous qui avons vu face à nous le mal, les nazis dans les ghettos et la mort dans les camps, nous qui avons vu la décadence de l’Europe éclairée, nous le peuple juif, nous connaitrons bientôt la lumière et la liberté. Ne désespérez jamais mes amis. Rappelez-vous les paroles du prophète Isaïe

” Le peuple qui marchait dans l’obscurité voit une grande lueur; ceux qui habitaient une terre ténébreuse, la lumière rayonne sur eux. Isaïe 9, 1

Quelques mois plus tard, le camp est libéré. Le Rabbi arrive à Brooklyn. Il s’éteint à l’âge de cent ans, en laissant derrière lui à travers des centaines d’histoires de sa vie, un message d’espoir.

 Pessah depuis la nuit des temps, le jour où le peuple juif fête son droit à l’espoir.

Pessah du peuple juif, Pessah aussi de l’homme juif, quelques heures de  lumière divine, où tout recommence, tout débute. Peut être que cette signification profonde de Pessah, si bien racontée par le Hassid de Bluzow, explique l’effervescence, presque l’hystérie nationale, des israéliens à quelques heures du début de Pâques. Achats de victuailles, de vaiselle, de cadeaux, de fleurs et d’habits, ménages  fébriles, peinture et réparations en tout genre, stress accru…

Comme si, bel et bien, chacun des israéliens de l’Israël 2011, allait en personne dans quelques heures, sortir d’Egypte, sortir de l’esclavage pour entamer un voyage de 40 ans dans le désert vers la liberté.

2 Replies to “Le Pessah du Rabbi de Bluzow”

  1. L’esclavage c est le menage et nos obsessions autour de Pessah

  2. L’avenir s’annonce sombre, à l’ère de l’antisémitisme par internet, mais pas plus qu’à la veille de Pourim ou de la Shoa. Et aujourd’hui nous avons un pays et une armée!
    hag Sameah

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